Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 7.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

teur. Mout de gent murmurerent contre le roy pour ce que cil estoit si laidemement saignié. Le roy qui bien entendi leur murmurement ne s’en esmut de rienz contre eus, ançois fu remembranz de l’Escripture qui dit : « Sire Diex, il le maudiront et tu le beneiraz. » Si dist une parole qui bien fu escoutée : « Je voudroie estre aussi seigniez et en tel maniere d’un fer chaut comme cil est qui jura vilainement et jamès vilain serement ne fussent juré en mon reamme. »

La semainne emprès que cil fu seigniez le roy donna aus povres fames lingieres qui vendent viez peufres[1] et viez chemises, et as povres ferrons qui ne pevent avoir meisons, la place entour les murs des Innocens pour Dieu et en aumosne. Si en fu mout benei du pueple[2].

  1. Viez peufres, vieilles friperies.
  2. Ce paragraphe n’est pas tiré de Guillaume de Nangis. Ce dernier dit seulement que saint Louis « fit faire une nouvelle œvre pour le pourfit dou peuple de Paris » « cum tunc temporis ipse dominus rex quoddam opus Parisiis fieri proecepisset quod communi utilitati conferre non modicum videbatur », sans désigner l’œuvre. Le 24 février 1303, le prévôt de Paris, vidimant des lettres de Philippe III le Hardi du mois de janvier 1279 (n. st.), reconnaissait que les « povres femmes linghieres vendeuses de petis sollers et povres et pitoiables personnes vendeurs de menues fripperies » avaient été mises en saisine pour vendre leurs dites denrées d’une place vide « tenant aus murs de la cloison du cimmetiere des Innocens de Paris », mais sans indiquer le roi qui leur avait concédé ce droit. Dans le Recueil des ordonnances des rois de France, t. V, p. 107, où les lettres du prévôt de Paris et celles de Philippe III furent publiées, sans se préoccuper des souscriptions de Robert II, duc de Bourgogne, et d’Humbert de Beaujeu, connétable, on proposa dans une note de corriger 1279 en 1189 et d’attribuer à Philippe-Auguste les lettres de Philippe III. M. René de Lespinasse, au t. III des Métiers et corporations de la ville de Paris,