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xiv
Notice

il est à genoux auprès de sa couche,

Pressé de mille ardens désirs.

Garasse dira qu’il fréquentoit les mêmes lieux que Régnier, et qu’il s’en est trouvé aussi mal. Mais c’est pour Théophile

Un divertissement qu’on doit permettre à l’homme
Et que Sa Sainteté ne punit pas à Rome.

En effet, pour lui l’amour n’est qu’un divertissement : la passion lui est inconnue ; elle est remplacée par l’imagination et par ce genre d’esprit qui naît de l’imagination. Voilà ce qu’on trouve avant tout dans Pyrame et Thisbé. Ce poème dialogué est un ouvrage de jeunesse ; quoique l’auteur dise :

Autres-fois, quand mes vers ont animé la scène.
L’ordre où j’estois contrainct m’a bien faict de la peine.
Ce travail importun m’a longtemps martyre ;
Mais enfin, grâce aux dieux, je m’en suis retiré,

il semble qu’il se soit long-temps occupé de la scène ; et cependant on ne connoît de lui que cette tragédie de Pyrame, sauvée de l’oubli par Boileau d’une façon si malencontreuse. Il existe bien une Pasiphaé vraiment monstrueuse. Il l’auroit faite dès les premiers temps de son arrivée à la cour, dit le libraire, et il cite l’attestation d’un ami qui l’affirmoit avec serment. Malheureusement cette affirmation est trop conforme aux intérêts du libraire, et l’ouvrage jure contre le serment. Boissat, dont le cynique Chorier a écrit la vie, racontoit que des Barreaux avoit entendu Théophile réciter des vers de la Sophosnibe comme étant de lui. Il paroît que Théophile aimoit à déclamer, car Balzac, lui aussi, ou Ogier, c’est la même chose, dans son apologie, dit qu’il avoit souvent entendu Théophile réciter des vers. De son côté, Ménage, auquel une personne, sans doute le même des Barreaux, avoit parlé du prétendu plagiat, observe judicieusement qu’il y a une grande différence entre le style de Pyrame et celui de la Sophonisbe. Il pense que Théophile avoit peut-