Page:Viaud - Des effluves ou émanations paludéennes.djvu/23

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vité ; tandis que dans les pays froids, les marais doivent leur innocuité à la trop basse température de ces régions. Aussi à Saint-Pétersbourg, par exemple, qui est entouré de marécages, les maladies paludéennes sont-elles presqu’inconnues, tandis qu’elles font d’affreux ravages sur les bords du Gange, au Mexique, à la Guyane, etc. Dans les pays tempérés, leur action se fait sentir toute l’année d’une manière plus ou moins marquée, mais elle augmente beaucoup avec les chaleurs.

Il résulte des travaux de M. Boudin que la limite boréale des fièvres intermittentes est en quelque sorte marquée par la ligne isotherme, déterminée par une température annuelle de + 5° centigrades, avec une moyenne de + 10° en été, ligne qui s’abaisse, dans l’Asie centrale et dans l’Amérique du Nord, au-dessous du 50e degré de latitude boréale ; tandis qu’entre ces deux continents et dans l’Océan Atlantique, elle remonte jusque vers le 67e de la même latitude. Il serait à désirer que l’on sût si telle est aussi la limite des fièvres charbonneuses des animaux qui ont tant d’analogie avec les fièvres intermittentes de l’homme[1]. Cette simple observation nous montre combien est grande l’influence de la chaleur ; et même il suffit quelquefois, pour rendre un marais insalubre, de couper les arbres qui l’ombragent et le préservent des rayons solaires.

Le contact de l’air, nécessaire à toute fermentation, facilite la formation des émanations palustres. Des observations nombreuses viennent appuyer l’exactitude de cette assertion ; des matières organiques, placées dans des terres fortes, se sont conservées tant qu’elles se sont trouvées à l’abri du contact de l’air, mais ces matières sont-elles ramenées

  1. Lafosse, Loc.cit. t. i. p.51.