Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/50

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l’assistant à me traiter de la même façon, moi comme tous les autres, pour ce qui concernait l’étude et la conduite journalière. Le jour qui suivit mon entrée à l’Académie, les professeurs voulurent m’examiner pour voir ce que je savais, et je passai, à leurs yeux, pour un bon quatrième, en état de pouvoir aisément entrer en troisième, après trois mois d’une application soutenue. En effet, je me mis à l’œuvre de fort bonne grâce, et connaissant alors, pour la première fois, tout le prix de l’émulation, je tins tête à plusieurs de mes compagnons plus âgés que moi, et, après un nouvel examen passé en novembre, je fus reçu en troisième. Le professeur de cette classe était un certain don Degiovanni, un prêtre qui était peut-être moins savant encore que mon bon Ivaldi, et qui me suivait, en outre, avec bien moins d’attention et de sollicitude affectueuse, ayant à se partager de son mieux, et le faisant fort mal, entre ses quinze ou seize élèves ; car il en avait tout autant.

Je me traînai de la sorte sur les bancs de cette misérable école, âne parmi des ânes et sous un âne, et j’y expliquai Cornélius Népos, quelques églogues de Virgile, et autres choses semblables. On y faisait aussi des thèmes niais et absurdes. Dans tout autre collège dont les études auraient été bien dirigées, cette classe n’eût été au plus qu’une fort mauvaise quatrième. Je n’étais jamais le dernier de mes camarades ; l’émulation m’éperonnait tant que je n’avais pas vaincu ou égalé celui qui passait pour le premier. Mais ensuite parvenu moi-