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LIVRE II — CHAPITRE V.

nieusement qu’elle peut l’être par Hermann[1]. Il l’avait indiquée dans sa première dissertation sur Philon de Larisse. Il l’a maintenue et développée, malgré les critiques d’Ed. Zeller, en l’appuyant d’arguments nouveaux, dans sa seconde dissertation.

Un point sur lequel Hermann a le premier attiré l’attention, c’est l’emploi par Cicéron, quand il expose la théorie des académiciens, d’expressions telles que impressum in animo atque mente[2], menti impressa subtiliter, qui rappellent d’autres passages où Cicéron admet une sorte de connaissances innées, ou plutôt analogues à celles que, suivant Platon, l’âme a acquises dans une vie antérieure.

Cependant les arguments de Hermann ne nous ont pas convaincu, et nous croyons que la doctrine de Philon avait un tout autre sens, et demeurait fort éloignée du vrai platonisme.

D’abord, pour commencer par le dernier argument signalé par Hermann, la preuve que Philon n’entend pas l’expression menti subtiliter impressa au sens platonicien, c’est que Cicéron ajoute aussitôt neque tamen id percipi ac comprehendi posse. L’intuition platonicienne comporte-t-elle une telle réserve, une telle incertitude ?

Le passage où Cicéron fait allusion à une sorte d’initiation mystérieuse est trop peu explicite pour justifier la conclusion qu’on en tire. Il ne s’applique d’ailleurs pas à Philon en à particulier, mais à tous les académiciens. Et s’il avait le sens qu’on veut lui attribuer, comment le concilier avec cet autre passage où Cicéron nous apprend que Clitomaque n’a jamais su à quoi s’en tenir sur les opinions de Carnéade[3] ?

Quant au témoignage de saint Augustin, il ne renferme rien de précis sur l’enseignement de Philon. D’ailleurs, saint Au-

  1. Dissert. 1a Goiting. 1851. Gymn. progr. — Dissert. 2a Gotting. 1855. Gym. pr.
  2. Ac., II, xi, 34.
  3. Ac., II, xlv, 139.