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Page:Victor Brochard - Les Sceptiques grecs.djvu/232

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LIVRE II. — CHAPITRE VI.

de Philon en même temps qu’Antiochus[1], qui tint bon jusqu’au bout en faveur des doctrines de son maître, et combattit Antiochus avec une douceur obstinée. C’est probablement à lui que Cicéron fait allusion quand il dit que la doctrine de Philon, prope dimissa, revocatur.

Peut-être faut-il aussi compter parmi les disciples fidèles de Philon, Eudore d’Alexandrie. Du moins, il nous est donné[2] comme académicien. Nous savons de lui qu’il avait écrit un livre où il examinait πρωβληματικῶς toutes les questions philosophiques, ce qui signifie probablement[3] qu’il exposait toutes les opinions à la façon académique, sans se prononcer, et en laissant aux lecteurs le soin de conclure. Cependant, nous voyons qu’il avait écrit un commentaire[4] sur les Catégories d’Aristote et peut-être sur la Métaphysique[5] : vraisemblablement aussi[6] il avait expliqué le Timée de Platon. Tout cela donne à penser que nous avons affaire à un éclectique. Enfin un passage qu’Arius Didymus lui emprunta, et que Stobée[7] nous a conservé, indique, par son allure stoïcienne, qu’il avait fait plus d’une concession au Portique. C’est peut-être à lui que pensait Ænésidème quand il reprochait aux académiciens de n’être plus que des stoïciens aux prises avec des stoïciens.

À côté d’Eudore, il faut placer cet Arius Didymus, auquel Stobée[8] a emprunté tout le viie chapitre des Ἐκλόγαι. Ce philosophe est le même[9] qui fut l’ami intime d’Auguste et de

  1. Ac., II, iv, 11. Cf. Ind. Herc., xxxiii (ab imo), 4, où peut-être il est indiqué comme ayant vécu soixante-dix ans.
  2. Stob., Ecl., II, 48. Cf. Röper, Philolog., VII, 534.
  3. Zeller (IV, 612) interprète autrement ce mot. Hirzel (III, p. 247) combat, avec raison selon nous, cette interprétation.
  4. Simplic., Schol. in Arist., 61, a, 25.
  5. Alex. Metaph., XLIV, 23.
  6. Plut., De anim. procr. in Tim., 3.
  7. Ecl., II, 48. Voy. Thiaucourt, De Stob. Ecl. earumque fontibus, c. 1, p. 58. Paris, Hachette, 1885.
  8. Thiaucourt, ibid., 56.
  9. Ce point a été contesté (Heine, Jahrbuch für class. Philol., 1869), mais à tort. (V. Diels Doxog.-Græc., p. 86.) En revanche, il faut distinguer Arius de Δίδυμος Ἀτήϊος dont parle Suidas. (Zeller, op. cit., p. 615, 2.)