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excellents; à Sextus succéda Saturninùs Cythénas, empirique comme lui."

Un calcul très simple prouve que cette liste est incomplète, ou qu’il s’est trouve une période pendant laquelle l’école sceptique a cessé d’être représentée. En effet, Timon, on l’a vu, paraît avoir vécu jusqu’en 235 av. J.-C. On fixe à peu près unanimement la date de l’apparition de Sextus Empiricus à l’an 180 ap. J.-C. Entre ces deux points extrêmes, il s’est écoulé 415 ans ; et pour remplir cet intervalle, nous avons douze noms : encore faut-il remarquer que plusieurs philosophes, Sarpédon et Héraclide, Ménodote et Théodas, ont reçu les leçons d’un même maître, ce qui exclut l’idée de douze générations successives. Y eut-il douze chefs de l’école sceptique, il faudrait assigner à chacun une durée de près de trente-cinq ans, ce qui est sans exemple, et inadmissible.

On n’a pas de raison de croire que Diogène ou les auteurs dont il s’inspire aient omis aucun nom. Au contraire, deux textes précis nous disent qu’il y a eu une lacune dans l’enseignement sceptique : celui de Diogène, qu’on vient de lire, et un autre non moins formel, d’Aristoclès[1].

Reste à savoir où est cette lacune.

On admet généralement qu’elle s’est produite soit après Timon, soit après Eubulus. La première opinion a pour elle l’assertion formelle de Ménodote, qui, étant un des représentants les plus illustres de l’école sceptique, devait en bien connaître l’histoire. La seconde se fonde sur un calcul encore fort simple. Ænésidème a vécu, suivant la plupart des historiens, au commencement de notre ère, ou au plus tôt, suivant une opinion défendue avec beaucoup d’ardeur par Haas[2], vers l’an 60 av. J.-C. En prenant pour point de départ cette date extrême,

  1. Ap. Euseb., Praep.ev., XIV, xviii, 29 : Μηδενὸς ἐπιστραφέντος αὐτῶν, ὡς εἰ μηδὲ ἐγένοντο τὸ παράπαν, ἐχθὲς καὶ πρώην ἐν Ἀλεξανδρείᾳ τῇ κατ´ Αἴγυπτον Αἰνησίδημός τις ἀναζωπυρεῖν ἤρξατο τὸν ὕθλον τοῦτον.
  2. De philosoph. sceptic. successionibus, Diss. inaug., p. 13. Wurtsbourg, Stuber, 1875.