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L’ÉCOLE SCEPTIQUE.

dit en propres termes qu’il y a eu interruption[1]. Nous nous en tenons à ce témoignage formel.


II. C’est seulement à partir de Ptolémée que les philosophes sceptiques se succèdent sans interruption. Dans ce long espace de temps, nous croyons qu’il faut distinguer deux périodes : l’une, comprenant les sceptiques depuis Ptolémée jusqu’à Ménodote ; l’autre, s’étendant de Ménodote à Saturninus. Examinons, en réservant Ænésidème, qui sera l’objet d’une étude particulière, ce que nous savons des philosophes de la première de ces périodes, et recherchons en particulier s’il y a de bonnes raisons de croire, comme on le dit souvent, qu’ils aient été des médecins. Mais auparavant, il conviendra de dire quelques mots des prétendus successeurs de Timon, d’après Hippobotus et Sotion.

Nous ne savons rien de Dioscoride de Chypre, de Nicolochus de Rhodes, d’Euphranor de Séleucie. De Praylus, Diogène nous dit seulement qu’il montra une telle énergie que, quoique innocent, il se laissa mettre en croix par ses concitoyens sans daigner leur adresser une parole. Eubulus est aussi tout à fait inconnu.

Il en est de même du rénovateur du scepticisme, Ptolémée de Cyrène : la date de sa vie, ne peut, on l’a vu ci-dessus, être fixée qu’indirectement, dans son rapport à celle d’Ænésidème, qui soulève elle-même de graves difficultés.

Des deux disciples de Ptolémée, l’un, Sarpédon, est tout à fait inconnu. Sur le second, Héraclide, on croit avoir quelques renseignements qu’il importe d’examiner de près. On connaît plusieurs Héraclide qui furent médecins : l’un d’eux n’est-il pas en même temps le philosophe sceptique dont Ænésidème reçut les leçons ?

  1. L’interprétation que donne Haas (p. 11) du mot de Ménodote διέλιπεν ἡ ἀγωγή semble inadmissible. Nulle part on ne voit que les sceptiques eussent une manière particulière de vivre (vitæ rationes et instituta). Cf. Zeller, Die Philos. der Griechen, vol. IV, p. 483, 2.