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MÉNODOTE ET SEXTUS EMPIRICUS.

pleine décadence[1]. Il paraît donc qu’il faut faire remonter la date de Sextus à une époque antérieure : il serait alors le contemporain de Galien, qui mourut vers l’an 200.

Une circonstance plaide en faveur de cette hypothèse : c’est qu’il était, au témoignage de Diogène[2], disciple d’Hérodote, dont Galien parle souvent ; il est vrai que c’est, comme l’a remarqué Haas[3], dans les ouvrages qu’il composa vers la fin de sa vie. Mais une autre difficulté se présente : comment se fait-il, si Sextus a été le contemporain de Galien, que ce dernier ne l’ait jamais nommé ? Il cite pourtant un grand nombre de médecins de son temps, et attaque surtout les empiriques ; or, il semble que Sextus ait appartenu, au moins pendant quelque temps, à cette école[4] et on nous dit même qu’il en fut un des principaux représentants[5].

On peut toutefois diminuer cette difficulté en admettant, avec Pappenheim[6], que Sextus n’a pas eu comme médecin tout l’éclat que lui attribue le pseudo-Galien ; aussi bien le livre qu’il avait écrit sur la médecine avait fait peu de bruit, puisqu’il fut perdu de bonne heure, et ne nous est connu que par la mention qu’il en fait lui-même[7]. Il est possible enfin qu’il ne soit devenu chef d’école qu’après la publication des principaux écrits de Galien. On peut donc, malgré la difficulté signalé, fixer la date de ce philosophe au dernier quart du second siècle, entre 180 et 200 ou peut-être 210 après J.-C.[8].

  1. Ritter, Philos. anc., trad. Tissot, t. IV, p. 193. Cf. Zeller, t. V, p. 8.
  2. IX, 116.
  3. Op. cit., p. 78.
  4. Voy. ci-dessous, p. 317.
  5. Pseudo-Galen., Isag., vol. XIV, p. 683 : Μηνόδοτος καὶ Σέξτος οἱ καὶ ἀκριβῶς ἐκράτυναν αὐτήν (sc. τὴν έμπειρικὴν αἵρεσιν…)
  6. Lebensverhältinesse des Sext. Emp., p. 3 (Berlin, 1875).
  7. Voy. ci-dessous, p. 320.
  8. Les historiens insistent, pour fixer la date de Sextus, sur ce fait qu’il nomme le stoïcien Basilides (M. VIII, 258), qu’on regarde généralement comme un des maîtres de Marc-Aurèle. Mais Zeller a montré qu’il s’agit peut-être ici d’un autre Basilides, compris dans la liste des vingt stoïciens dont un fragment de Diogène, récemment publié par Val. Rose (Hermès, I, p. 370, Berlin. 1865), nous fait