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Page:Vidocq - Les Voleurs - Tome 2.djvu/230

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Les événemens de ma vie m’ont donné le triste avantage de pouvoir étudier, sur les lieux mêmes, les mœurs des prisonniers. Je soumets aujourd’hui aux hommes éclairés et impartiaux le résultat de mes observations, et je m’estimerai heureux si je puis appeler l’intéret des véritables philanthropes, sur des hommes qui en sont quelquefois plus dignes qu’on ne le pense.

Tous les peuples anciens savaient sans doute punir le crime, mais ils savaient aussi récompenser la vertu. Une couronne de chêne, une palme, était décernée à celui qui avait rendu à la patrie un service important, ou qui s’était dignement acquitté de tous ses devoirs. Les peuples modernes, que cependant l’expérience des siècles devrait avoir instruits, ont, il est vrai, des juges pour appliquer les lois, des geôliers, des argousins, et des bourreaux pour les exécuter. Mais ils n’ont pas, comme les anciens, des magistrats dispensateurs des récompenses publiques. La loi qui prononce la peine de mort contre l’assassin, ne devrait-elle point récompenser le citoyen courageux qui, au péril de sa vie, sauve celle de son semblable. Si elle punit celui qui viole un des ar-