Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cet égard un tact qui les trompe rarement. Sans me témoigner précisément de la froideur, elle me montra plus de réserve ; et comme je lui en manifestais mon étonnement, elle me répondit avec une brusquerie marquée « que des affaires particulières lui donnaient de l’humeur ». Le piège était là, mais j’avais été trop puni de mon intervention dans ses affaires, pour m’en mêler encore ; et je me retranchai dans un air affecté, en l’engageant à prendre patience. Elle n’en devint que plus maussade. Quelques jours se passèrent en bouderie ; enfin la bombe éclata.

À la suite d’une discussion fort insignifiante, elle me dit du ton le plus impertinent « qu’elle n’aimait pas à être contrariée, et que ceux qui ne s’arrangeaient pas de sa manière d’être pouvaient rester chez eux. » C’était parler, et j’eus la faiblesse de ne pas vouloir entendre. De nouveaux cadeaux me rendirent pour quelques jours une tendresse sur laquelle je ne devais cependant plus m’abuser. Alors, connaissant tout le parti qu’on pouvait tirer de mon aveugle engouement, Rosine revint bientôt à la charge pour le montant d’une lettre de change de deux mille francs, qu’elle devait