Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Divine, la femme de chambre, ne m’eût donné les précieuses adresses. De la rue Vivienne, où demeurait Rosine, qui se faisait appeler madame de Saint-Michel, je cours chez le tapissier, rue de Cléry. J’annonce le but de ma visite ; aussitôt on m’accable de prévenances, comme c’est l’usage en pareille circonstance ; on me remet le mémoire, et je vois avec consternation qu’il s’élève à douze cents francs : j’étais cependant trop avancé pour reculer ; je paye. Chez la modiste, même scène et même dénouement, à cent francs près ; il y avait là de quoi refroidir les plus intrépides ; mais les derniers mots n’en étaient pas encore dits. Quelques jours après que j’eus soldé les créanciers, on m’amena à acheter pour deux mille francs de bijoux, et les parties de toute espèce n’en allaient pas moins leur train. Je voyais bien confusément mon argent s’en aller, mais redoutant le moment de la vérification de ma caisse, je le reculais de jour en jour. J’y procède enfin, et je trouve qu’en deux mois j’avais dissipé la modique somme de quatorze mille francs. Cette découverte me fit faire de sérieuses réflexions. Rosine s’aperçut aussitôt de ma préoccupation. Elle devina que mes finances étaient à la baisse ; les femmes ont à