Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/142

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teau, pour entrer au parquet ; son camarade l’y suivit bientôt, appelé par un coup de sonnette. Aussitôt je mets le chapeau sur ma tête, je m’enveloppe du manteau, et prenant un détenu sous le bras, comme si je le conduisais satisfaire un besoin, je me présente à la porte ; le caporal de garde me l’ouvre et nous voilà dehors. Mais que devenir sans argent et sans papiers ? Mon camarade gagne la campagne ; pour moi, au risque d’être encore pris, je retourne chez Francine, qui, dans la joie de me revoir, se décide à vendre ses meubles pour fuir avec moi en Belgique. Cette résolution s’exécuta. Nous allions partir, lorsqu’un incident des plus inattendus, et que mon inconcevable insouciance explique seule, vint tout bouleverser.

La veille du départ, je rencontre, à la brune, une femme de Bruxelles, nommée Élisa, avec laquelle j’avais eu des rapports intimes. Elle me saute en quelque sorte au cou, m’emmène souper avec elle, en triomphant d’une faible résistance, et me garde jusqu’au lendemain matin. Je fis accroire à Francine, qui me cherchait de tous côtés, que poursuivi par des agents de police, j’avais été forcé de me jeter dans une maison d’où je n’avais pu sortir qu’au point du jour. Elle en fut