Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/174

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même délit. Une charge terrible élevée contre lui, c’est que les prisonniers, enchantés de trouver l’occasion de se venger, assuraient qu’une somme de cent écus lui avait fait prendre un jeune homme de dix-neuf ans pour un vieux militaire menacé de la cinquantaine.

Pour moi, l’on me transféra dans la prison du département à Douai, où je fus écroué comme un homme dangereux : c’est dire qu’on me mit immédiatement au cachot, les fers aux pieds et aux mains. Je retrouvai là mon compatriote Desfosseux, et un jeune homme nommé Doyennette, condamné à seize ans de fers, pour complicité dans un vol avec effraction commis avec son père, sa mère et ses deux frères, âgés de moins de quinze ans. Ils étaient depuis quatre mois dans le cachot où l’on venait de m’installer moi-même, couchés sur la paille, rongés de vermine, et ne vivant que de pain, de fèves et d’eau. Je commençai donc par faire venir des provisions, qui furent dévorées en un instant. Nous causâmes ensuite de nos affaires, et mes commensaux m’annoncèrent que depuis une quinzaine de jours ils pratiquaient sous le pavé du cachot un trou qui devait aboutir au niveau de la Scarpe, qui baigne les murs de la prison.