Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/214

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encore repris leurs places sur les voitures ressaisirent des pierres et, sans les dragons, Hurtrel était assommé ; ceux-ci nous crièrent que nous allions nous faire écraser, et la chose était tellement évidente, qu’il fallut mettre bas les armes, c’est-à-dire les pierres. Cet événement mit toutefois un terme aux vexations de Hurtrel, qui n’approchait plus de nous qu’en tremblant.

À Senlis, on nous déposa dans la prison de passage, une des plus affreuses que je connusse. Le concierge cumulant les fonctions de garde champêtre, la maison était dirigée par sa femme ; et quelle femme ! Comme nous étions signalés, elle nous fouilla dans les endroits les plus secrets, voulant s’assurer par elle-même que nous ne portions rien qui pût servir à une évasion. Nous étions cependant en train de sonder les murs, lorsque nous l’entendîmes crier d’une voix enrouée : Coquins, si je vais à vous avec mon nerf de bœuf, je vous apprendrai à faire de la musique. Nous nous le tînmes pour bien dit, et tout le monde resta coi. Le surlendemain, nous arrivâmes à Paris ; on nous fit longer les boulevards extérieurs, et à quatre heures après midi, nous étions en vue de Bicêtre.

Arrivés au bout de l’avenue qui donne sur