Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/215

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la route de Fontainebleau, les voitures prirent à droite, et franchirent une grille au-dessus de laquelle je lus machinalement cette inscription : Hospice de la vieillesse. Dans la première cour se promenaient un grand nombre de vieillards vêtus de bure grise : c’étaient les bons pauvres. Ils se pressaient sur notre passage avec cette curiosité stupide que donne une vie monotone et purement animale, car il arrive souvent que l’homme du peuple admis dans un hospice, n’ayant plus à pourvoir à sa subsistance, renonce à l’exercice de ses facultés étroites, et finit par tomber dans un idiotisme complet. En entrant dans une seconde cour, où se trouve la chapelle, je remarquai que la plupart de mes compagnons se cachaient la figure avec leurs mains ou avec leurs mouchoirs. On croira peut-être qu’ils éprouvaient quelque sentiment de honte ; point : ils ne songeaient qu’à se laisser reconnaître le moins possible, afin de s’évader plus facilement si l’occasion s’en présentait.

« Nous voilà arrivés, me dit Desfosseux, qui était assis à côté de moi. Tu vois ce bâtiment carré… c’est la prison. » On nous fit en effet descendre devant une porte gardée à l’intérieur par un factionnaire. Entrés dans le greffe, nous