Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/290

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l’établissement, qui n’étant pas, à ce qu’il paraît, très ferrés, ne savaient trop qu’en penser ; je crois cependant leur avoir entendu parler d’Éléphantiasis, ou bien encore d’hydropisie du cerveau. Quoi qu’il en soit, cette belle consultation se termina par la prescription si commune à l’hôpital, de me mettre à la diète la plus sévère.

Avec de l’argent, je me fusse assez peu inquiété de l’ordonnance ; mais mon étui ne contenait que quelques pièces d’or, et je craignais, en les changeant, de donner l’éveil. Je me décidai pourtant à en toucher quelque chose à un forçat libéré qui faisait le service d’infirmier ; cet homme, qui eût tout fait pour de l’argent, me procura bientôt ce que je désirais. Sur l’envie que je lui témoignais de sortir pour quelques heures en ville, il me dit qu’en me déguisant, cela ne serait pas impossible, les murs n’ayant pas plus de huit pieds d’élévation. C’était, me dit-il, le chemin qu’il prenait, ainsi que ses camarades, quand il avait à faire quelque partie. Nous tombâmes d’accord qu’il me fournirait des habits, et qu’il m’accompagnerait dans mon excursion nocturne, qui devait se borner à aller souper chez des filles. Mais les seuls vêtements