Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/402

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de bois que m’apporteraient les forçats qui allaient à la fatigue. Il m’accorda tout ce que je voulais, à la condition que je serais sage ; et dès le lendemain je me mis à l’œuvre. Mes camarades ébauchaient, et moi je finissais. Le père Mathieu trouvait que ce que je faisais était joli ; quand il remarqua que j’avais des aides pour mon petit travail, il ne put s’empêcher de témoigner qu’il était satisfait, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps. « À la bonne heure ! dit-il, voilà comment j’aime que l’on s’amuse ; il serait bien à désirer que vous en fissiez tous autant, ça vous distrairait, et au moins avec le produit vous pourriez vous procurer quelques douceurs. » En peu de jours, le banc fut transformé en un atelier, où quatorze hommes également pressés de fuir l’ennui, et d’avoir quelque argent à leur disposition, déployaient la plus grande activité. Nous avions toujours de la marchandise prête, dont le débit s’effectuait par l’entremise des forçats qui nous fournissaient la matière première. Pendant un mois, notre commerce fut des plus florissants ; chaque jour nous faisions une recette assez abondante, dont il n’entrait pas une obole au bureau. Ainsi que cela se pratique d’ordinaire, le