Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/422

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où j’allais. Préparé à cet inévitable interrogatoire, je répondis que, déserteur du vaisseau l’Océan, alors en rade à Toulon, je cherchais à gagner Aix, d’où je me proposais de passer dans mon pays.

— C’est bien, me dit mon hôte, je vois qui vous êtes ; mais vous, qui pensez-vous que je sois ? – Ma foi, à dire vrai, je vous avais pris d’abord pour un garde champêtre, ensuite j’ai cru que vous pourriez bien être un chef de contrebandiers, et maintenant je ne sais plus que penser.

— Vous le saurez bientôt… Dans notre pays on est brave, voyez-vous, mais on n’aime pas à être soldat par force… aussi n’a-t-on obéi à la réquisition que quand on n’a pas pu faire autrement… Le contingent de Pourrières a même refusé tout entier de partir ; des gendarmes sont venus pour saisir les réfractaires, on a fait résistance ; des deux côtés on s’est tué du monde, et tous ceux d’entre les habitants qui avaient pris part au combat se sont jetés dans les bois pour éviter la cour martiale. Nous nous sommes ainsi réunis au nombre de soixante, sous les