Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/82

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ainsi dans le salon comme dans la taverne… Là on triche, c’est le mot reçu… et le négociant qui, le matin dans son comptoir, se ferait un crime de vous faire tort d’une heure d’intérêt, celui-là même vous attrape fort tranquillement au jeu. » Que répondre à d’aussi formidables arguments ? Rien. Il ne restait qu’à garder l’argent et c’est ce que je fis.

Ces petits dividendes, joints à une centaine d’écus que me fit passer ma mère, me mirent en état de faire quelque figure, et de témoigner ma reconnaissance à cette Émilie, dont le dévouement ne me trouvait pas tout-à-fait insensible. Nos affaires étaient donc en assez bon train, lorsqu’un soir je fus arrêté au théâtre du Parc, par plusieurs agents de police, qui me sommèrent d’exhiber mes papiers. C’eût été pour moi chose assez dangereuse : je répondis que je n’en avais pas. On me conduisit aux Madelonnettes, et le lendemain, à l’interrogatoire, je m’aperçus qu’on ne me connaissait pas, ou qu’on me prenait pour un autre. Je déclarai alors me nommer Rousseau, né à Lille, et j’ajoutai que, venu à Bruxelles pour mon plaisir, je n’avais pas cru devoir me munir de papiers. Je demandai enfin à être conduit à Lille à mes frais, par deux gen-