Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/141

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des corsaires en pension, et leur faisait crédit sur la perspective de leurs parts de prises. Mme Henri, dans la supposition où elle aurait été mariée, était une fort jolie veuve, encore très avenante, bien qu’elle approchât de ses trente-six ans ; elle avait auprès d’elle deux filles charmantes, qui, sans cesser d’êtres sages, avaient la bonté de donner des espérances à tout beau garçon que la fortune favorisait. Quiconque dépensait son or dans la maison était le bienvenu ; mais celui qui dépensait le plus était toujours le plus avant dans les bonnes grâces de la mère et des filles, aussi longtemps qu’il dépensait. La main de ces demoiselles avait été promise vingt fois, vingt fois peut-être elles avaient été fiancées, et leur réputation de vertu n’en avait reçu aucun échec. Elles étaient libres dans leurs paroles ; dans leur conduite elles étaient réservées, et quoiqu’elles ne se fissent pas blanches de leur innocence, personne ne pouvait se vanter de leur avoir fait faire un faux pas. Cependant, combien de héros de la mer avaient subi l’influence de leurs attraits ! combien de soupirants, trompés par des agaceries sans conséquence, s’étaient flattés d’une prédilection qui devait les conduire au bonheur ! et puis, comment