Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

soit dans le corps des sapeurs, soit dans celui des ouvriers militaires de la marine. Depuis quelque temps, on ne parlait que de meurtres, d’assassinats, de vols, et tous ces crimes présentaient les caractères auxquels on peut reconnaître l’œuvre des scélérats exercés ; peut-être dans le nombre des brigands s’en trouvait-il quelques-uns de ceux avec qui j’avais été lié à Toulon. Il m’importait de les fuir, car, mis de nouveau en contact avec eux, j’aurais eu bien de la peine à éviter d’être compromis. On sait que les voleurs sont comme des filles : quand on se propose d’échapper à leur société et à leurs vices, tous se liguent pour empêcher la conversion ; tous revendiquent le camarade qui renonce au mal, et c’est pour eux une espèce de gloire de le retenir dans l’état abject dont ils ne veulent ni sortir, ni laisser sortir les autres. Je me rappelais mes dénonciateurs de Lyon, et les motifs qui les avaient portés à me faire arrêter. Comme l’expérience était récente, je fus disposé tout naturellement à en faire mon profit et à me mettre sur mes gardes : en conséquence, je me montrais dans les rues le plus rarement possible ; je passais presque tout mon temps à la basse ville, chez une Mme Henri, qui prenait