Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Bourgogne. Presque partout il me fallut montrer que j’étais en règle : si l’on eût comparé l’homme avec le signalement, il eût été facile de découvrir la fraude ; mais nulle part on ne me fit d’observation ; et, pendant plus d’un an, à quelques alertes près qui ne valent pas la peine d’être ici mentionnées, le nom de Jacquelin me porta bonheur.

Un jour que j’avais déballé à Auxerre, en me promenant tranquillement sur le port, je rencontrai le nommé Paquay, voleur de profession, que j’avais vu à Bicêtre, où il subissait une détention de six années. Il m’eût été fort agréable de l’éviter, mais il m’accosta presque à l’improviste ; et, dès les premières paroles qu’il m’adressa, je pus me convaincre qu’il ne serait pas prudent d’essayer de le méconnaître. Il était très curieux de savoir ce que je faisais ; et comme j’entrevis dans sa conversation qu’il se proposait de m’associer à des vols, j’imaginai, pour me débarrasser de lui, de parler de la police d’Auxerre, que je lui représentai comme très vigilante, et par conséquent très redoutable. Je crus observer que l’avis faisait impression ; je chargeai le tableau, jusqu’à ce qu’enfin, après m’avoir écouté avec une très