Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/218

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inquiète attention, il s’écria tout à coup : – Diable ! il paraît qu’il ne fait pas bon ici ; le coche part dans deux heures ; si tu veux, nous détalerons. – C’est cela, lui répondis-je ; s’il s’agit de filer, je suis ton homme. – Puis, sur ce, je le quittai, après avoir promis de le rejoindre aussitôt que j’aurais terminé quelques préparatifs qui me restaient à faire. C’est une si pitoyable condition que celle du forçat évadé, que, s’il ne veut pas être dénoncé, ou être impliqué dans quelque attentat, il est toujours réduit à prendre l’initiative, c’est-à-dire à se faire dénonciateur. Rendu à l’auberge, j’écrivis donc la lettre suivante au lieutenant de gendarmerie, que je savais être à la piste des auteurs d’un vol récemment commis dans les bureaux de la diligence.

« Monsieur,

« Une personne qui ne veut pas être connue, vous prévient que l’un des auteurs du vol commis dans les bureaux des messageries de votre ville, va partir, à six heures, par le coche, pour se rendre à Joigny, où l’attendent probablement ses complices. Afin de ne pas le manquer, et de l’arrêter en temps utile, il