Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/47

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que d’emprunter l’habit militaire. Je songeai un instant à me faire soldat en réalité. Mais, pour entrer dans un régiment, il eût fallu avoir des papiers ; et je n’en avais pas. Je renonçai donc à mon projet. Cependant le séjour à Boulogne était dangereux, tant que je n’aurais pas trouvé à me fourrer quelque part.

Un jour que j’étais plus embarrassé de ma personne et plus inquiet que de coutume, je rencontrai sur la place de la haute ville un sergent de l’artillerie de la marine, que j’avais eu l’occasion de voir à Paris ; comme moi, il était Artésien ; mais, embarqué presque enfant sur un vaisseau de l’État, il avait passé la plus grande partie de sa vie aux colonies ; depuis, il n’était pas revenu au pays, et il ne savait rien de ma mésaventure. Seulement il me regardait comme un bon vivant ; et quelques affaires de cabaret, dans lesquelles je l’avais soutenu avec énergie, lui avaient donné une haute opinion de ma bravoure.

— Te voilà, me dit-il, Roger-Bontemps ; et que fais-tu donc à Boulogne ? – Ce que j’y fais ? pays, je cherche à m’employer à la suite de l’armée. – Ah ! tu cours après un emploi ; sais-tu que c’est diablement difficile de se placer