Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

longtemps les délices des camps, sans que sa santé en fût altéré : on la supposait riche. Mais soit que Magdelaine, comme j’ai pu m’en convaincre, ne fut pas intéressée, soit que comme dit le proverbe, ce qui vient de la flûte s’en retourne au tambour, Magdelaine mourut en 1812 à l’hôpital d’Ardres, pauvre, mais fidèle à ses drapeaux ; deux ans de plus, et comme une autre fille très connue dans Paris, depuis le désastre de Waterloo, elle aurait eu la douleur de se dire la veuve de la grande armée.

Le souvenir de Magdelaine vit encore disséminé sur tous les points de la France, je dirais même de l’Europe, parmi les débris de nos vieilles phalanges. Elle était la Contemporaine de ce temps-là et si je n’avais pas la certitude qu’elle n’est plus, je croirais la retrouver dans la Contemporaine de ce temps-ci. Toutefois, je ferai observer que Magdelaine, bien qu’elle eût les traits un peu hommasses, n’avait rien d’ignoble dans la figure ; la nuance de ses cheveux n’était pas de ce blond fade qui frise la filasse ; les reflets dorés de ses tresses étaient en parfaite harmonie avec le bleu tendre de ses yeux ; son nez ne se dessinait point disgracieusement dans la courbe anguleuse de la proéminence aquiline. Il y avait du