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CHAPITRE III.

d’abord à Alexandrie. Il les décrivait zoologiquement ; et déjà même il avait fait l’anatomie d’un grand nombre d’espèces, lorsque fut donné à la Commission des sciences l’ordre de retourner au Caire.

Cet ordre enlevait aux savants toute espérance d’un prompt retour. Tandis que ses collègues obéissaient à regret, Geoffroy Saint-Hilaire se rendait au Caire plein de joie : après deux ans de séparation, il allait revoir son frère, et dans quelles circonstances ! Après avoir commandé successivement sur les confins du désert, à Salahié, à Belbeys, à El Arich, après s’être signalé par un acte héroïque dans l’insurrection de la Charkieh[1], Marc-Antoine Geoffroy venait d’être nommé directeur du génie

  1. Nous extrayons le passage suivant de l’Histoire de l’Expédition d’Égypte (t. V, p. 115). « Bonaparte avait désigné pour commandant de la province, le chef de bataillon du génie, Marc-Antoine Geoffroy… Pour comble de fatalité, la peste venait de l’atteindre au moment où l’insurrection, gagnant de bourg en bourg, le forçait à se porter de tous côtés avec sa petite troupe. À la vue des bubons qui pointaient sous ses aisselles, un chirurgien lui conseilla le repos. « J’y songerai », répondit-il ; et cloué sur son cheval, il continua sa vie de dévouement et d’activité… Bonaparte faisait un tel cas de lui, que plus tard (Marc-Antoine Geoffroy était mort colonel du génie à Austerlitz), lorsqu’il s’agit de créer dans son état-major un aide-de-camp de chaque arme, le souvenir de ce brave et savant militaire lui revint en mémoire. « Si Geoffroy était là ! » dit-il avec une de ces réticences significatives qui lui étaient familières. »