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CHAPITRE III.

tous les inconvénients du voyage qu’ils ne faisaient pas. Mais enfin, les illusions les plus tenaces ont elles-mêmes leur terme. Le 11 juillet, on se réunit, et Geoffroy Saint-Hilaire, Delile et Corancez sont chargés de porter au général en chef les vives réclamations de la Commission entière. Menou reçoit parfaitement les trois envoyés ; il leur renouvelle formellement sa promesse ; plein en apparence de sincérité, il leur fait ses adieux ; il prie Geoffroy Saint-Hilaire de porter de sa part une bague à Madame Bonaparte, et la lui remet ; il donne même l’ordre qu’il avait annoncé, et le 15 on met à la voile. Ce n’était, cette fois encore, qu’une perfidie et la plus cruelle de toutes. Menou, malgré sa promesse, n’avait ni obtenu de l’amiral anglais, ni même demandé la libre sortie de la Commission des sciences : à peine l’Oiseau a-t-il quitté le port, que deux coups de canon tirés par une corvette ennemie, la Cinthia, lui signifient militairement l’ordre d’y rentrer. L’indignation s’empare de tous tes esprits. Et cependant Menou, ne s’était pas encore révélé tout entier. Un canot français s’approche du brick ; il porte un envoyé du général, qui s’acquitte à regret d’un message odieux : le brick que les Anglais vont couler bas, s’il tente de passer outre, sera coulé bas par les Français, c’est l’ordre formel du général en chef, si, dans un quart d’heure, il n’a pas mis à la voile. Et les membres