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CHAPITRE III.

d’étourdissant ce spectacle et d’inquiétant sa pénible éventualité, je restai sous l’impression, et je crois pouvoir ajouter, sous le charme des scènes d’électricité dont je devins assiduement l’expérimentateur, et, y intervenant avec une bien vive ardeur, je fus pris d’une fièvre de travail qui me tint durant trois semaines, jusqu’au jour de mon embarquement. Je ne pouvais goûter qu’une heure ou deux au plus de sommeil durant les vingt-quatre heures de la journée… Ce fut une crise qui eut ses phases d’exaltation, durant lesquelles les grandes satisfactions de l’esprit n’avaient point préservé le corps d’abattement et d’exténuation ; mes traits s’altérèrent, et je fus dans un danger imminent. Il m’avait fallu, dans ce court intervalle de trois semaines, repasser dans mon esprit soixante-quatre fois tous mes souvenirs de science, à cause des soixante-quatre formules hypothétiques que je me mis en devoir d’examiner et de comparer ensemble. Les manifestations phénoménales de mes deux Poissons m’avaient amené à dépasser le cercle de leurs considérations, à conclure d’elles aux actions nerveuses, et de ces faits d’animalité, à toutes les productions phénoménales du monde matériel. »

Les travaux de Geoffroy Saint-Hilaire durant le siége d’Alexandrie sont donc de deux ordres très-différents. Les uns, très-généraux, et qui furent