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EXPÉDITION D’ÉGYPTE.

vaillé trois ans et demi au milieu de tous les périls ; plusieurs d’entre eux n’avaient succombé sur le sol de l’Égypte, que pour préparer à l’Angleterre de plus riches trophées !

Qui pourrait peindre l’indignation des Français à cette nouvelle ! Les protestations furent unanimes et énergiques. Entraîné par elles, honteux lui-même de l’acte qu’il avait signé, Menou fit entendre, après coup, quelques molles représentations. Mais Hutchinson, on devait le prévoir, répondit : « Le traité est signé ; l’article 16 sera exécuté comme les autres. » La question semblait donc jugée ; et déjà le littérateur Hamilton, venu en Égypte à la suite de l’armée britannique, avait mission de se faire livrer, pour les conduire à Londres, les dépouilles des savants français[1].

Mais, dans cette extrémité même, la Commission, abandonnée de tous, ne voulut pas s’abandonner elle-même. Geoffroy Saint-Hilaire, et ses collègues Savigny et Delile, se rendirent en députation au camp anglais. Le général Hutchinson les reçut avec politesse, mais avec froideur. Ils établirent que nul n’avait le droit de leur ravir des collections,

  1. Nous aurions voulu pouvoir taire le nom d’Hamilton. Sa conduite en d’autres circonstances fut honorable ; et même, au moment de l’évacuation de l’Égypte, il finit par se rendre utile aux Français. Mais s’il a pu réparer ses torts, il n’a pu les faire oublier : les droits de l’histoire sont imprescriptibles.