Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
CHAPITRE V.

comme on l’a quelquefois appelée, fut fondée en France, en opposition à l’école de l’observation exclusive, à l’école des faits.

Nous ne voulons pas dire que celui qui accomplissait ce progrès, en eût lui-même conscience à l’origine. Quinze ans plus tard, et alors même que de premiers dissentiments avaient éclaté entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire, ni l’un ni l’autre n’en concevaient encore toute la gravité. Ils croyaient discuter des théories partielles, que déjà ils avaient implicitement posé et résolu en sens contraire la question à laquelle se subordonnent toutes les autres, celle de la méthode elle-même des sciences naturelles. Combien eût été plus rapide le mouvement de la science, s’ils eussent dès lors aperçu le terme de leurs débats ! Nous, du moins, instruit par les travaux d’une époque postérieure, faisons, pour notre exposé historique, ce qu’ils n’ont pu faire pour l’ensemble de leurs recherches ; et dès le début de ce Chapitre, où nous avons à retracer les premiers travaux sur l’Unité de composition, mettons en regard, comme un double fanal à l’entrée de la longue route que nous avons à parcourir, les deux réponses, directement inverses, de Cuvier et de Geoffroy Saint-Hilaire à ces questions fondamentales : L’observation est-elle la source unique de nos connaissances en histoire naturelle ? Les faits doivent-ils être les seuls éléments de la science ?