Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
UNITÉ DE COMPOSITION.

L’origine d’une découverte, on l’a dit, est souvent dans le besoin qu’on avait de la faire. Qui ne verrait une application de cette vérité dans la succession rapide de ces cinq Mémoires, dont chacun est en progrès si marqué sur celui qui le précède ? Geoffroy Saint-Hilaire veut démontrer l’analogie des nageoires pectorales des Poissons avec les membres antérieurs des autres Vertébrés : il sent le besoin d’un guide, et le principe des connexions est créé. Dès le début de ses recherches sur le crâne, à de plus grandes difficultés il oppose, avec le principe des connexions, celui du balancement des organes[1]

    avec cette généralité. Jusque-là chez Geoffroy Saint-Hilaire, comme chez Harvey et quelques auteurs du dix-huitième siècle, il n’y a que des aperçus relatifs à des cas particuliers, ou des aperçus généraux, mais vagues. C’est donc à juste titre que, pour montrer la très-grande part qui appartient à Geoffroy Saint-Hilaire dans l’invention et l’établissement de l’une des plus grandes idées de l’anatomie philosophique, on s’est appuyé sur le Mémoire relatif au crâne et sur l’importante application qu’il renferme. M. Serres, par exemple, a dit (Anatomie comparée du cerveau, t. Ier, p. 188, 1824) : « Au moment où l’idée que les Poissons sont, pour un grand nombre de leurs organes, des embryons permanents des classes supérieures, devient en quelque sorte classique parmi les zoologistes, la justice nous fait un devoir de rappeler que M. le professeur Geoffroy Saint-Hilaire a le premier émis cette grande vérité. Il imagina pour son travail des parties analogues du crâne, de compter autant d’os qu’il y a de centres d’ossification distincts, et il eut lieu d’apprécier la justesse de cette idée, etc. »

  1. Il l’avait entrevu dès 1800. Voyez plus haut, p. 137.