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CHAPITRE V.

leur auteur les portes de la première de nos sociétés savantes[1], c’est parce qu’ils étaient pleins, selon les expressions de Cuvier en 1807, « de faits très-curieux et généralement nouveaux ; » parce qu’ils ajoutaient beaucoup aux connaissances des naturalistes et des anatomistes sur l’organisation intérieure des Poissons[2]. » Voilà le premier jugement porté sur les recherches de Geoffroy Saint-Hilaire : approbation éclatante des faits ; silence sur les idées.

Pourquoi ce silence ? On se tait quelquefois pour ne pas blâmer. Cuvier, dans le Rapport dont nous venons de citer quelques lignes et dans un autre qui le suivit de quelques mois, aurait-il usé d’une telle

  1. Geoffroy Saint-Hilaire a été élu membre de l’Institut, classe des sciences, le 14 septembre 1807.
  2. Cette phrase est extraite d’un Rapport de Cuvier à la classe des sciences de l’Institut (avril 1807). — Un second Rapport, relatif au Mémoire sur la tête osseuse, a été fait à la même classe, quelques mois après, par l’illustre zootomiste. L’esprit en est généralement le même. En voici le passage le plus remarquable : « De tous les sujets que traitent les sciences physiques, l’origine des corps organisés est sans contredit le plus obscur et le plus mystérieux… On ne peut s’empêcher de penser que s’il y a quelque espoir d’arriver jamais à un peu plus de lumière sur des questions si difficiles, c’est peut-être dans la constance de ces analogies que l’on devra en chercher les premières étincelles. » Qui ne serait frappé à la fois de la justesse et de la profondeur de cette pensée ?

    Les deux Rapports de Cuvier ont été insérés dans le Magasin encyclopédique, année 1807, t. III, p. 176, et t. V, p. 39.