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VOYAGE EN PORTUGAL.

prévenir ou de réparer les maux qu’entraînent à leur suite la guerre et l’invasion étrangère !

Est-il besoin de dire qu’il se fit le protecteur des savants et des gens de lettres ? C’était encore servir les sciences, et les servir selon son cœur. Tous venaient à lui et étaient bien reçus ; ou, s’ils ne venaient pas, il allait à eux.

Il en fut ainsi du botaniste Brotero, professeur distingué de l’Université de Coïmbre. Privé de ses appointements[1], et voyant ses ressources épuisées, il vivait obscurément dans l’un des faubourgs de Lisbonne. Geoffroy Saint-Hilaire court chez lui, se fait rendre compte de sa position, et devient son avocat auprès du duc d’Abrantès : il échoue. Brotero néanmoins reçoit le lendemain une partie de ce qu’il réclamait. « Gardez le secret, lui dit-on : le général ne veut pas même que vous le remerciiez ; car tout le monde réclamerait comme vous. » Malgré cet avis, la reconnaissance entraîne Brotero : il écrit au duc. Junot est furieux ; car ces remercîments non mérités lui paraissent une ironie. Mais bientôt l’aveu d’une pieuse supercherie le désarme, et, de nouveau pressé par Geoffroy Saint-Hilaire, il veut mériter les remercîments qu’il a reçus, et donne la signature qu’il refusait la veille.

Un autre Portugais, Verdier, membre distingué de l’Académie des sciences de Lisbonne, et corres-

  1. Il lui était dû un arriéré de deux ans et demi.