Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
ANATOMIE PHILOSOPHIQUE.

Saint-Hilaire, n’acquiert jamais une prospérité extraordinaire, qu’un autre de son système ou de ses relations n’en souffre dans une même raison. » Ainsi, une augmentation, un excès sur un point, suppose une diminution sur un autre, et, comme le dit Gœthe, le budget de la nature étant fixe, une somme trop considérable, affectée à une dépense, exige ailleurs une économie.

Le lien qui unit cette loi avec les deux autres principes de Geoffroy Saint-Hilaire, est facile à apercevoir. Qu’est-ce qu’un organe rudimentaire ? Précisément un de ces organes qui ont été sacrifiés à d’autres ; sur lesquels, pour suivre la comparaison de Gœthe, la nature a fait une économie au profit d’autres parties. Avec un organe rudimentaire, on trouve, en général, un organe considérablement développé ; à côté d’une atrophie, une hypertrophie. Laquelle est cause ? laquelle est effet ? Nous l’ignorons le plus souvent ; mais si la question de causalité reste insoluble, le fait de la coexistence est certain et constant, et il ne pouvait échapper à Geoffroy Saint-Hilaire, d’autant plus préoccupé de l’étude des organes rudimentaires qu’on les avait davantage négligés jusqu’à lui. Ainsi fut conçu un principe qui, vérifié d’abord dans des cas extrêmes d’atrophie, puis étendu à tous les autres par l’observation, est devenu finalement une loi générale, embrassant, dans sa vaste éten-