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ENFANCE ET PREMIÈRE JEUNESSE.

revoir ses chers maîtres de Navarre : au pieux rendez-vous convenu entre le libérateur et les victimes, le libérateur seul s’était rendu ![1]

IV.

Deux jours après les massacres de septembre, Geoffroy Saint-Hilaire était à Étampes. Sa famille attendait impatiemment de ses nouvelles, lorsqu’il paraît au milieu d’elle. Il n’a pas encore parlé, que déjà l’inquiétude causée par son absence a fait place à une anxiété plus vive encore. Il est pâle, défait,

  1. Nous avons dû rapporter ces faits avec détail. Geoffroy Saint-Hilaire, dans une de ses lettres, les a lui-même résumés en ces termes :

    « Élevé à Navarre, j’avais vingt ans en 1792 ; j’ai aspiré à sauver mes honorés maîtres, le grand-maître, le proviseur et les professeurs de mon collége, et de plus les professeurs du collége le Cardinal Lemoine, où je demeurais avec Haüy et Lhomond. Profitant du désarroi occasionné par le tocsin, et d’intelligences acquises à prix d’argent, j’ai pénétré à deux heures, le 2 septembre, dans la prison de Saint-Firmin ; je m’étais procuré la carte et les insignes d’un commissaire. Si le bon M. Keranran et mes autres maîtres n’ont point accepté de sortir, cela a tenu à un excès de délicatesse, à la crainte de compromettre le sort des autres ecclésiastiques.

    « J’ai passé la nuit du 2 au 3 septembre sur une échelle en dehors de Saint-Firmin, et douze ecclésiastiques, qui m’étaient inconnus, échappèrent le 3, à quatre heures du matin. L’un d’eux se blessa le pied ; je le portai dans un chantier voisin où, pour courir à d’autres infortunés, je fus forcé de le laisser, et d’où il réussit à s’évader. »