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CHAPITRE VIII.

également dans la Philosophie anatomique la source féconde de cet esprit nouveau, dont la science se montre de plus en plus animée ; de cet esprit d’induction et de généralisation qui a pénétré et pénètre chaque jour jusque dans les travaux de l’école la plus opposée à celle de Geoffroy Saint-Hilaire ?

Non, sans doute. À entendre plusieurs zootomistes, il semblerait que la Théorie de l’Unité de composition organique fût la Philosophie anatomique tout entière, et que cette Méthode nouvelle, caractérisée par l’alliance de l’observation et du raisonnement, ait toujours régné dans la science.

Si, quinze ans seulement, après les mémorables débats de Cuvier et de Geoffroy Saint-Hilaire, le sens en est déjà obscurci à ce point, que sera-ce après une longue suite d’années ? Que serait-ce du moins, si, dans les écrits du temps, ne subsistaient d’impérissables témoins, que nous avons, que l’on aura toujours le droit et le devoir d’interroger ? À quelque époque que ce soit, en les évoquant devant lui, l’historien de la science pourra se faire, par la pensée, spectateur de la lutte des deux écoles ; il pourra entendre par lui-même Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire exposant et défendant, de 1828 à 1832, leurs vues si contraires ; l’un voulant l’observation presque exclusive, l’exposé des faits et du détail de leurs circonstances[1] ; l’autre, la généralisa-

  1. Voyez plus haut, Chap. V, p. 127.