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CHAPITRE VIII.

À ce point de vue, qui est celui de l’histoire, il n’y a, il ne peut y avoir doute : le grand, le suprême caractère de la Philosophie anatomique, de tous les travaux de Geoffroy Saint-Hilaire, de tous ceux de ses disciples, c’est l’émancipation de la pensée, trop longtemps enchaînée à la suite des faits et de l’observation.

En vain Schelling, avant Geoffroy Saint-Hilaire, avait tenté de s’ouvrir, par le seul effort de son esprit, l’accès des hautes régions de la science. Peu de naturalistes (aucun en France) l’avaient suivi dans les voies périlleuses où il s’avançait. Cuvier et son école, c’est-à-dire la presque-univer-

    des plus remarquables de ses ouvrages. L’auteur s’attache particulièrement à déterminer l’influence future du livre de Geoffroy Saint-Hilaire sur la physiologie et sur l’anatomie.

    « Il est également dangereux pour les sciences, dit M. Flourens, et d’accumuler sans cesse des matériaux sans s’élever à aucune idée générale, et de vouloir pour ainsi dire deviner ces idées, avant qu’elles soient sorties d’elles-mêmes des observations déjà acquises. La disposition d’esprit qui porte à ces deux écueils, est, comme on voit, tout à fait opposée : je l’appelle dans un cas l’esprit de précipitation, et dans l’autre l’esprit de routine. »

    L’auteur montre ensuite comment les Grecs imaginèrent au lieu d’observer, et comment les modernes sont surtout observateurs. « Le temps est venu, continue-t-il, de les avertir que des observations toutes nues finissent toujours par être stériles… La direction contraire (à celle de la recherche des analogies) pouvait perfectionner l’anatomie spéciale des