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TÉRATOLOGIE.

lection aux plus étranges, aux plus bizarres de ces jeux de la nature ? De là tous ces travaux, disons mieux toutes ces ébauches du 17e et d’une partie du 18e siècle, dont les auteurs semblent placer le but de la science dans la recherche, non du vrai, mais du merveilleux.

Vers le milieu du 18e siècle, Lémery, Winslow, Haller surtout appelèrent les tératologues en d’autres voies ; mais bien peu s’y engagèrent à leur suite. Les principaux Mémoires de Lémery sont de 1738 et de 1740, et ceux de Winslow de 1733 à 1743 ; les premiers travaux de Haller sur les Monstres datent de 1735 ; la célèbre thèse de Werner Curtius ne parut qu’en 1762, et alors même elle fut et resta longtemps une exception presque unique.

C’est qu’il ne suffisait pas de dire : Cessons de discourir en termes vagues sur les Monstres, et de nous étonner devant leurs apparentes merveilles ; étudions-les avec soin ; décrivons-les avec exactitude. Il fallait aussi, il fallait avant tout, que l’on fît comprendre l’utilité de cette étude et de ces descriptions, pour lesquelles on réclamait plus de soins, par conséquent plus de temps et d’efforts. Le seul but sérieux que l’on pût, il y a un siècle, assigner aux recherches sur les anomalies, c’était la confirmation ou l’infirmation des théories physiologiques, alors admises par les uns, et rejetées par les autres. Mais comment les faits tératologiques,