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CHAPITRE IX.

ceux-ci, assurément, penseront comme nous ; ils n’auront point confondu de vagues indications avec des descriptions, des récits avec des faits, des histoires avec des observations ; et ils savent quelles sont, dans cet immense amas de matériaux que nous ont légués les deux siècles précédents, la déplorable rareté des dernières, la non moins déplorable multitude des autres. Pour un Gœller, unissant, dès 1683, à l’exposition très-précise de faits remarquables, le mérite d’une importante application à l’organogénie ; pour un Werner Curtius, observant et décrivant, en 1762, avec une exactitude que ne désavouerait pas la science de nos jours ; combien de Kœnig, de Mérindol, de Chilian, écrivant sur les cas les plus dignes d’intérêt, de confuses relations qui les font à peine connaître ; relations où l’on se tait sur les points capitaux pour se perdre en des détails oiseux ou controuvés, et dont on peut presque affirmer qu’elles nous instruisent aussi peu par ce qu’elles disent que par ce qu’elles ne disent pas !

Est-ce la faute de ces auteurs ? Est-ce celle de leur temps et des idées, alors si universellement admises, sous l’empire desquelles ils écrivaient ? Quand les Monstres étaient généralement considérés comme des êtres affranchis de toute règle et de toute loi, quel résultat attendre de leur étude, sinon la satisfaction d’une vaine et passagère curiosité ? Et dès lors ne devait-on pas s’attacher avec prédi-