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CHAPITRE IX.

s’en étaient tenus à de simples aperçus, dénués de toute preuve comme de toute application utile, tombés aussitôt dans l’oubli, et remis seulement en lumière lorsque leur valeur eut été enseignée par la réinvention moderne des mêmes idées. Meckel, au contraire, leur donna, en 1812, un caractère vraiment scientifique, et en établit tout à la fois l’incontestable vérité et l’immense importance. Un volume tout entier de l’Anatomie pathologique, titre impérissable de gloire pour son auteur, est consacré à la comparaison d’une multitude d’anomalies avec les divers états transitoires de l’organisation embryonnaire, et à la démonstration de l’analogie frappante qui existe entre les uns et les autres.

Après un tel devancier, que pouvait-il rester à faire pour l’établissement de la doctrine des Arrêts de développement ? Glaner peut-être sur ses traces ? Remplir quelques lacunes laissées par lui ? Ce ne pouvait être là le seul rôle de Geoffroy Saint-Hilaire. Quand, neuf ans après Meckel, et dès le début même de ses recherches, il conçoit à son tour la doctrine de l’Arrêt de développement, il la présente pure de tout alliage avec cette vieille erreur, dont nous avons vu Meckel se constituer l’un des derniers et des plus illustres défenseurs : l’hypothèse de la Monstruosité originelle. Pour lui, quand il proclame que les Monstruosités, autrefois dites par défaut,