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TÉRATOLOGIE.

sont des Monstruosités par retardement de développement, il entend toujours par l’interruption, la suspension accidentelle d’un développement régulièrement commencé. Point d’équivoque dans les termes dont il se sert, parce qu’il n’y a point d’hésitation dans sa pensée ; parce que, ce qu’il dit, il le prouve par l’observation et par l’expérience. L’arrêt de développement de Meckel, le retardement de développement de Geoffroy Saint-Hilaire, identiques sous un point de vue, sont donc profondément différents sous un autre. Et de là, l’explication d’une contradiction dont la singularité a frappé quelques auteurs : la théorie de Geoffroy Saint-Hilaire, ébauchée dès 1820, est à peine, en 1821, nettement formulée, que Meckel en réclame la priorité ; et lorsque Geoffroy Saint-Hilaire, avec la bonne foi du vrai savant, s’est empressé d’ajouter à son Mémoire[1] une note, rédigée par Meckel lui-même, celui-ci semble passer tout à coup à d’autres idées : ces mêmes vues dont il s’était déclaré l’auteur, l’ont pour adversaire ; et en 1826 et 1827, une curieuse et instructive discussion met en évidence un dissentiment qui d’abord avait échappé à tous.

Ainsi, des deux principes par lesquels la science actuelle explique les anomalies, Geoffroy Saint-Hilaire partage avec Meckel l’honneur d’avoir établi

  1. Voyez la Philosophie anatomique, tom. II, p. 153.