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CHAPITRE X.

se satisfont elles-mêmes les sciences, dites par excellence exactes ? Qu’on ne s’y trompe pas. Le mot d’approximation peut bien être de la langue mathématique, transporté dans la nôtre ; mais non, malheureusement pour nous, l’idée qu’il exprime. En arithmétique, en géométrie, une solution approchée est équivalente, si ce n’est au point de vue théorique, à une solution exacte : car, tout inconnue que soit celle-ci, et lors même qu’elle n’existe pas et ne saurait exister, on peut s’en rapprocher autant qu’il est besoin dans la question donnée : l’erreur, toujours connue, est rendue aussi petite qu’on le veut. Le naturaliste, au contraire, a conscience que sa solution est inexacte : mais de combien et dans quel sens ? il ne le sait ; comment se rapprocher de la vérité ? il l’ignore. Souvent[1], en présence de plusieurs arrangements méthodiques, imaginés par lui, ou déjà proposés, il se voit obligé de faire un choix, sans pouvoir le justifier rationnellement ni aux autres, ni à lui-même : il n’a point de certitude,

  1. Il en était surtout ainsi, quand on s’en tenait aux classifications en série uni-linéaire. Beaucoup de questions, longtemps sans solutions satisfaisantes, se résolvent d’elles-mêmes, dès qu’on recourt à cette forme particulière de classifications que nous avons proposée, et à laquelle nous avons donné le nom de parallélique. Il est permis d’espérer que les difficultés qu’elle-même laisse encore subsister, disparaîtront à leur tour devant d’autres progrès de la science, et que l’arbitraire finira par être banni, même de la classification.