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CHAPITRE X.

quelques-uns y défendent encore. Au lieu d’observer ce que Dieu a fait, on ose imaginer ce qu’il a voulu faire. On affirmera, par exemple, non qu’un animal vole, parce qu’il a des ailes ; grimpe, parce qu’il a des ongles acérés ; mais bien qu’il a des ailes, parce qu’il a été organisé pour le vol ; des griffes, parce qu’il a été créé pour grimper ! On se gardera bien de dire simplement que les Carnassiers se nourrissent de proies proportionnées à leur taille ; on nous représentera le Créateur mesurant, dans sa sagesse, la taille de chaque Carnassier sur celle des animaux qui doivent lui servir de proie[1].

Mais, dit Geoffroy Saint-Hilaire[2], Dieu vous a-t-il pris pour confidents ? Êtes-vous autorisés à parler pour lui ? « Bornons-nous, ajoute-t-il, au seul sentiment qui doit nous pénétrer, celui de l’admiration : n’allons point indiscrètement prêter notre esprit à celui qui est comme toutes les premières notions des choses, et qui sera éternellement au-dessus de nos faibles intelligences. Point trop d’audace dans la pensée : et naturalistes, contentons-nous des manifestations qui nous sont accordées. » Et surtout, gardons-nous de faire engendrer la cause par l’effet… « Restons les historiens de ce qui est ;

  1. Il est à peine utile de faire remarquer que nous n’inventons pas ces exemples : nous les citons. Nous pourrions en citer des milliers.
  2. Système dentaire, note III ; et Cours, Discours préliminaire.