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CHAPITRE X.

Cette doctrine est diamétralement opposée à celle de Cuvier, et n’est pas entièrement celle de Lamarck. Geoffroy Saint-Hilaire réfute l’une ; il restreint et rectifie l’autre. Cuvier, selon lui, conclut contre les faits : Lamarck, par de là les faits. Au fond, néanmoins, dans cet ordre d’idées, il procède de Lamarck, et il s’est plu à se proclamer lui-même, en plusieurs occasions, le disciple de son illustre collègue.

Essayons de réduire la question à des termes simples. Les animaux qui peuplent notre globe, s’offrent-ils à nos yeux, tels qu’ils ont été créés ? ou bien se sont-ils modifiés depuis leur création ? Les espèces sont-elles immuables ? ou bien des races, transportées sous l’influence de circonstances différentes, peuvent-elles, à la longue, s’écarter du type originel, et constituer, à leur tour, des races ou espèces distinctes par de nouveaux caractères ?

L’art de résoudre les questions est presque toujours celui de les décomposer. Procédons ainsi.

Les animaux sont-ils variables sous l’influence des circonstances ? Sur ce premier point, la réponse ne saurait être douteuse, ni à l’égard des individus, ni à l’égard des races et de ces groupes d’individus que nous appelons espèces.

Examinez une espèce répandue sur une portion du globe terrestre, assez étendue pour qu’aux limites de son habitation, les circonstances locales