Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
348
CHAPITRE X.

Lamarck, Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire résolvaient de même la première partie de la question : ici chacun d’eux a sa solution propre.

Les variétés, dit Cuvier, sont différenciées par des caractères tout à fait accessoires, et d’un ordre inférieur à ceux qui distinguent les espèces.

Point de limites aux variations des espèces, dit Lamarck ; et il n’hésite pas à faire sortir les uns des autres, les genres, les ordres, et jusqu’aux classes diverses du règne animal. C’est l’hypothèse même de Pascal, lorsqu’il se demande : Les êtres animés n’étaient-ils dans leur principe que des individus informes et ambigus, dont les circonstances permanentes au milieu desquelles ils vivaient, ont décidé originairement la constitution ?

Geoffroy Saint-Hilaire admire le ferme génie de Lamarck, proclamant la puissance modificatrice des influences du monde extérieur ; mais il le voit à regret s’avancer témérairement au delà de toutes les déductions légitimes des faits, compromettre sa théorie par le choix de ses preuves, prêter à la réaction de l’animal sur lui-même par l’habitude un pouvoir illimité, et par là, s’exposer à la malignité de critiques, trop heureux de pouvoir lui répondre par des railleries. Des arguments eussent été plus difficiles à trouver !

En adoptant le principe de Lamarck, Geoffroy Saint-Hilaire et son école n’en restreignent pas seu-