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ZOOLOGIE PHILOSOHIQUE.

lement l’application ; ils la conçoivent autrement, et, par suite, recourent à un autre genre de preuves. Ils relèguent à un rang très-secondaire, parmi les causes modificatrices, cette puissance de l’habitude, à laquelle Lamarck fait jouer un si grand rôle, et ils sont évidemment ici dans le vrai, en même temps, qu’en parfaite conformité avec la formule : Tel est l’organe, telle sera la fonction. Pourquoi un animal abandonnerait-il les habitudes qui découlent de son organisation, pour prendre d’autres mœurs ? Ce serait, à des conditions d’harmonie, et par conséquent de bien-être, substituer un état de trouble et de malaise. À moins d’être contraint à le subir, il persistera donc dans les premières, et la stabilité du type qu’il a reçu de ses parents, sera ainsi confirmée, et non détruite. Par les mêmes raisons, s’il est libre, l’animal se gardera bien d’aller chercher au loin un autre climat, et d’autres circonstances extérieures ; car, s’il n’est pas fait pour celles-ci, comme disent les finalistes, son organisation est coordonnée avec elles, et l’on ne verra jamais l’Ours des glaces polaires et le Lion de la zone torride faire spontanément l’échange des patries que le Créateur a assignées à chacun d’eux. Voilà pourquoi l’observation des espèces, dans l’état de la nature, en nous révélant une multitude de modifications plus ou moins légères, ne saurait nous rendre témoins d’aucune déviation grave des