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CHAPITRE I.

c’est lui qui eût été nommé à la chaire de zoologie ; et les droits qu’il n’avait pas, mais qu’il aurait pu avoir, étaient, pour Geoffroy Saint-Hilaire, aussi respectables, aussi sacrés que ceux des autres professeurs.

Geoffroy Saint-Hilaire, malgré toutes les observations qu’on lui fit, écrivit donc à Lacépède pour lui offrir la chaire : si Lacépède pouvait et désirait venir l’occuper, la démission du jeune titulaire la rendrait immédiatement vacante.

Mais Lacépède mit à refuser autant de fermeté que Geoffroy Saint-Hilaire avait mis d’empressement à offrir ; et le jeune professeur, vaincu dans sa modestie, vaincu dans sa délicatesse, prit place au milieu de ses maîtres[1].

  1. Quoique nous n’ayons pas à écrire ici l’histoire de Lacépède, nous devons saisir l’occasion de rectifier une erreur, trop souvent reproduite, sur la situation de ce célèbre naturaliste à l’époque de l’organisation du Muséum. Ce ne sera d’ailleurs pas sortir de notre sujet ; car sans la rectification que nous allons faire, la conduite de Lacépède vis-à-vis de son jeune confrère, pourrait être attribuée à des motifs beaucoup moins nobles que ceux que nous lui supposons.

    Selon les biographes, et selon Cuvier lui-même dans l’Éloge qu’il lut en 1826 à l’Académie des sciences, Lacépède, en 1793, vivait retiré et presque caché à la campagne, n’ayant qu’un seul désir, celui de se faire oublier : son retour à Paris ne put avoir lieu qu’en 1794, après le 9 thermidor ; et alors même, dit encore Cuvier, il ne reparut sur la scène qu’avec le titre modeste d’élève de l’École normale.