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ENFANCE ET PREMIÈRE JEUNESSE.


    S’il en était ainsi, le refus par lequel Lacépède répondit à Geoffroy Saint-Hilaire, n’eût été dicté que par le soin de sa propre sûreté ; et dans la lettre que nous allons tout à l’heure citer, sous l’apparence des nobles sentiments qu’il exprime, on ne devrait voir qu’une crainte habilement déguisée.

    Nous repoussons cette interprétation, et nous allons prouver par les faits que Lacépède, gravement compromis et obligé de se cacher à la fin de 1793 et en 1794, ne l’était pas vers le milieu de 1793, et qu’il eût pu venir, à l’époque de l’organisation du Muséum, occuper la chaire à laquelle Geoffroy Saint-Hilaire lui offrait de renoncer en sa faveur.

    Dès le 3 juillet 1793, les professeurs du Muséum, et c’est un de leurs premiers actes, demandaient la création d’une troisième chaire de zoologie, destinée à Lacépède, qu’ils regrettaient vivement de ne plus voir au milieu d’eux.

    Le même jour, en attendant la création de la nouvelle chaire, création qu’ils n’obtinrent qu’en frimaire an III, ils écrivaient à Lacépède pour lui offrir de faire un cours libre au Muséum sur les branches de la zoologie dont il avait fait une étude spéciale, l’erpétologie et l’ichthyologie.

    Le 12 du même mois, les professeurs recevaient la réponse de Lacépède, qui acceptait avec reconnaissance ce témoignage de l’estime de ses anciens collègues.

    Enfin, quelques jours après, une affiche, placardée sur les murs de Paris, faisait connaître au public la nouvelle organisation du Muséum, et le nom de Lacépède, comme si ce savant eût été dès lors légalement installé, s’y trouvait inscrit entre les noms de Geoffroy et de Lamarck.

    Il résulte avec évidence de ces faits que Lacépède, sauf la nomination officielle et les avantages de la place, était professeur au Muséum dès le mois de juillet 1793 ; et dès lors chacun pourra apprécier toute la délicatesse, toute la noblesse du refus qu’il faisait le 30 juin à Geoffroy Saint-Hilaire dans les termes suivants :