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CHAPITRE X.

tologie a pu un instant éblouir tous les esprits ; la majesté de l’édifice a pu faire oublier la fragilité des bases sur lesquelles il repose. Nous avons fait depuis un grand progrès : nous avons appris à douter. Ce que Cuvier a fait est immense, comparativement à ce qu’on avait fait avant lui ; qu’est-ce par rapport à ce qui manque encore à la science, et malheureusement à ce qui lui manquera toujours ? Les eaux couvrent près des trois quarts de notre planète : des glaces éternelles occupent les terres polaires : et, de la portion de la surface du globe, qui reste accessible à nos explorations, que connaissons-nous paléontologiquement ? Ayons la sagesse de le reconnaître et le courage de l’avouer : on n’a soulevé qu’un coin du voile, et, comme le dit Geoffroy Saint-Hilaire, les temps d’un savoir véritable en paléontologie ne sont pas encore venus. Ils viendront. En les attendant, contentons-nous des perspectives qui nous sont ouvertes sur ce monde antique, ajouté par le génie de Cuvier au domaine de l’esprit humain, et gardons-nous également, ou d’affirmer, parce que nous possédons quelques faits, ou de nier, parce que quelques preuves nous manquent. Point de timidité exagérée, mais point de présomption ; et n’imitons pas celui qui prétendrait pénétrer les mystères des profondeurs de l’Océan, pour avoir, selon la belle image de Newton, ramassé quelques coquilles sur le rivage.